Congrès de l’ACFAS

Sciences sociales, biologie, génie, santé : toute la semaine, nos journalistes font le compte rendu des meilleures recherches dévoilées au 85congrès de l’ACFAS, la grand-messe de la science en français qui rassemble cette année plus de 5000 chercheurs et étudiants à l’Université McGill.

Congrès de l’ACFAS

Quand les familles refusent le don d’organes

Près d’une personne sur cinq ayant préautorisé le don d’organes après sa mort voit sa volonté contrecarrée par ses proches, selon une nouvelle étude ontarienne.

« La loi permet au médecin de procéder au don d’organes si le patient décédé a donné son autorisation de son vivant, parce qu’il faut respecter ses volontés », explique Marie-Chantal Fortin, bioéthicienne du CHUM qui organisait un colloque sur le don d’organes, mardi dernier à l’ACFAS, où ont été dévoilées les données ontariennes. « Mais si la famille s’y oppose, il est souvent difficile pour le médecin de procéder. Il fait face à des gens en crise. »

Un projet de recherche est en cours pour quantifier le phénomène au Québec, mais Mme Fortin pense qu’il y est d’une ampleur comparable. L’analyse de l’Université de Toronto montrait que les familles mettent leur veto, malgré la volonté du patient décédé, dans 18 % des cas.

Selon Transplant Québec, un peu plus du tiers des Québécois ont signalé leur intention d’autoriser le don de leurs organes après leur mort, aux registres de la RAMQ et de la Chambre des notaires. Si le taux de veto est similaire à l’Ontario, cela signifie que le don d’organes ne sera possible que dans 29 % des cas.

« La chercheuse ontarienne, Linda Wright, a aussi fait une analyse du traitement du veto des familles dans les médias canadiens-anglais, dit Mme Fortin. Il en ressort que la couverture du phénomène le présente comme quelque chose de beaucoup plus fréquent que dans la réalité. Il y a aussi une discordance au niveau de l’interprétation légale du veto. »

« Parler à ses proches »

La question inquiète beaucoup les spécialistes. En décembre dernier, le Journal de l’Association médicale canadienne a publié un essai soulignant que certaines provinces, dont l’Ontario, avaient un message contradictoire sur le sujet, recommandant de tenir compte et de la volonté du défunt et de celle de sa famille.

« La leçon à tirer de tout le débat est que si on désire faire don de ses organes après sa mort, il faut en parler à ses proches », conclut Mme Fortin.

En CHIFFRES

2,8 millions de Québécois ont signalé à la RAMQ qu’ils autorisaient le don de leurs organes après leur mort

1,3 million de Québécois ont signalé à la Chambre des notaires qu’ils autorisaient le don de leurs organes après leur mort

200 000 Québécois ont signalé à la Chambre des notaires leur opposition au don de leurs organes après leur mort

Source : Transplant Québec

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